Le lancement d'un nouveau gadget a toujours été un régal pour tous ceux qui s'intéressent un peu aux nouvelles technologies. Un festin prévisible auquel nous assistons chaque année, sachant parfaitement que le menu ne change pratiquement pas. C'est un phénomène né d'un puissant mélange de génie du marketing et de notre peur innée de passer à côté d'une occasion. Nous sommes captivés, car les nouvelles fonctionnalités nécessitent de faire des sacrifices, mais arrêtons-nous un instant et réfléchissons-nous : la toute dernière merveille technologique constitue-t-elle vraiment un bond en avant, ou faisons-nous simplement partie d'une danse bien chorégraphiée entre les désirs des consommateurs et les bénéfices des entreprises ?
La volonté de procéder à des mises à niveau régulières est moins liée à la nécessité qu'à l'attrait fabriqué de la nouveauté. La durée de vie de nos gadgets diminue, non pas parce qu'ils s'usent, mais parce que ils sont devancés — par dessein et par envie. Ce manège d'achats et de mise au rebut n'est pas seulement un problème pour notre portefeuille ; c'est un état d'esprit qui nous pousse à louer notre technologie au lieu de la posséder, chaque tour nous coûtant un peu plus cher.
Pour bien comprendre notre obsession pour les dernières technologies, nous devons examiner non seulement les facteurs culturels, mais aussi les facteurs psychologiques. Les entreprises technologiques ne se contentent pas de vendre des gadgets ; elles vendre une expérience, une identité. Ils vendent du désir. La quête du dernier modèle est liée à un sentiment d'identité et de statut, puisant dans les mêmes impulsions qui sous-tendent les tendances de la mode et de l'automobile.
Et n'oublions pas le rôle des réseaux sociaux dans ce phénomène. Les vidéos de déballage, les recommandations d'influenceurs technologiques et les campagnes de marketing viral créent un engouement difficile à ignorer. Ils font de chaque sortie un événement incontournable, suscitant des conversations et FOMO (Fear of Missing Out) à l'échelle mondiale. Il ne s'agit pas simplement de la pression des pairs ; c'est un tsunami numérique de battage médiatique, qui nous pousse à surfer sur la vague ou à nous laisser anéantir. Si vous n'avez pas le dernier iPhone, faites-vous vraiment partie de la tribu ?
La différence avec la technologie réside toutefois dans la rapidité de son cycle de vie. Et si nous abordions la technologie comme un bon vin, valorisé avec soin et âge, plutôt que de courir après le millésime suivant avant d'avoir fini le dernier verre ?
Et si votre smartphone pouvait durer plus de dix ans ?
Chaque nouvel appareil brillant a un prix environnemental qui est loin d'être brillant.
Prenons l'exemple d'un smartphone : il commence dans une mine, pas dans un laboratoire immaculé. Ici, le sol est creusé à la recherche de métaux précieux, laissant des cicatrices au plus profond de la terre et sur les communautés locales. Ces matériaux voyagent ensuite dans le monde entier, laissant une empreinte carbone qu'aucune campagne de relations publiques visant à planter des arbres ne peut compenser.
Et qu'en est-il de la technologie qui se trouve dans nos tiroirs et nos garages ? Ils ne vont pas y rester éternellement ; ils finiront par faire partie d'une histoire bien plus sombre. Les déchets électroniques, le dragon dans la pièce que nous ignorons tous, deviennent de plus en plus audacieux et féroces chaque année, en exhalant des vapeurs toxiques et en libérant des métaux lourds dans la terre. Pendant ce temps, les centres de données du monde entier maintiennent le cloud à flot, mais assombrissent le ciel avec leurs propres émissions, faisant au mieux de notre amour pour le streaming un plaisir coupable.
Reprenons le cycle de vie complet d'un smartphone classique : de l'extraction des terres rares au processus de fabrication, qui implique souvent des pratiques de travail douteuses et des émissions importantes, en passant par la fin de vie où seule une fraction est recyclée, chaque phase est pleine de questions environnementales et éthiques. L'extraction du coltan, vital pour les smartphones, a été liée à conflits et violations des droits de l'homme. L'empreinte hydrique de la fabrication de technologies est stupéfiante, de grandes quantités étant utilisées dans les processus de production, ce qui contribue à la pénurie d'eau dans certaines régions.
L'essor de la technologie affecte également la biodiversité. Perte d'habitat due à l'exploitation minière, à la pollution due à l'industrie manufacturière et élimination des déchets électroniques tous contribuent au déclin des espèces dans le monde entier. Et même si nous vantons la recyclabilité des appareils, la vérité est que les méthodes de recyclage actuelles ne permettent de récupérer qu'une fraction des matériaux, souvent sous une forme moins pure que celle utilisée à l'origine.
Et si le coût environnemental est indéniable, un autre cri se fait entendre haut et fort dans le monde entier : rester à la pointe de la technologie coûte cher. Chaque nouvel appareil est une aventure financière, où le prix du billet n'est qu'un début. Il y a des frais cachés à chaque étape, qu'il s'agisse des accessoires indispensables ou des abonnements aux services qui permettent de conserver votre contenu. C'est un monde où les appareils exigent un hommage pour rester fonctionnels (et avant de dire quoi que ce soit, pensez à Google Drive et iCloud).
La dépréciation des gadgets technologiques est forte; ils perdent de la valeur plus rapidement qu'une voiture qui sort du lot. Même les iPhones. Et au fur et à mesure que les mises à jour logicielles sont déployées, les anciens modèles commencent à donner l'impression de rouler sur des roues de hamster : charmants mais désespérément décalés (parfois exprès). Ce obsolescence dès la conception ne se contente pas de vous pousser vers le modèle suivant ; cela vous permet de vous sortir d'une situation financière difficile, car vous payez encore et encore pour avoir le privilège de rester à jour.
Pour comprendre les répercussions économiques des mises à niveau technologiques, parlons du marché secondaire. Le marché des appareils d'occasion est florissant, mais il est en forte baisse par rapport au prix initial, et il ne fait que s'accentuer. Dès qu'un nouveau modèle est annoncé, les précédents perdent de la valeur. C'est un jeu de timing et de conjectures, où le fait de conserver un appareil trop longtemps peut entraîner une chute de sa valeur de revente.
Les coûts cachés sont multiples. Pensez à l'assurance, aux étuis, aux protecteurs d'écran et à ces chargeurs exclusifs qui changent avec une régularité inquiétante (vous pouvez merci à l'UE pour l'USB-C universel). Chaque mise à niveau peut également nécessiter de nouvelles versions d'appareils compatibles : montres intelligentes, appareils domestiques intelligents, etc. L'écosystème est conçu pour vous permettre de continuer à dépenser, enfermé dans un réseau technologique aussi complexe que coûteux.
Cela vaut-il vraiment le prix, même si cette toute nouvelle technologie est en vente ?
Le Black Friday est passé d'une journée de folie à un phénomène culturel qui défend le péché capital du consumérisme : acheter plus, puis acheter encore plus. Aux yeux des détaillants, cette journée marque le triomphe du chiffre d'affaires. Pour l'environnement, c'est un nuage gris de malheur.
Cette extravagance de shopping est passée d'une journée à une saison, laissant derrière elle une multitude de gadgets inutilisés ou indésirables, chacun ayant un impact environnemental et social en toile de fond. Les offres sont peut-être intéressantes, mais la planète se réchauffe de plus en plus, et l'ironie du fait d' « économiser » sur des achats qui nous coûtent notre avenir est trop flagrante pour être ignorée.
Les répercussions du Black Friday se prolongent au-delà du week-end ou même des fêtes de fin d'année. Il s'agit d'un marqueur culturel qui donne le ton aux dépenses de l'année, créant ainsi un modèle de comportement des consommateurs difficile à briser. Il ne s'agit pas seulement de neutraliser les portes et de faire des offres éclair ; il s'agit de définir des attentes et des normes en matière de consommation. Le discours selon lequel nous devons acheter, et acheter maintenant, aux « meilleurs » prix alimente un cycle de disponibilité et de dévaluation des produits.
Mais il y a une autre histoire, celle de la résistance et de la réforme. Des initiatives telles que »Achetez Nothing Day«, »Vendredi vert«, et les nôtres »Repensez le Black Friday» gagnent du terrain, faisant face au raz-de-marée de la consommation. Ils témoignent d'une prise de conscience croissante chez les consommateurs qui s'interrogent sur le coût réel des offres et des remises.
Combien économisons-nous si la planète en paie le prix ?
Le cloud ne semble pas participer à ce drame, mais la vérité est que les centres de données jouent un rôle central dans le problème croissant des déchets électroniques et de la crise énergétique.
Les centres de données remplacent souvent leur équipement tous les trois à cinq ans, même s'il fonctionne toujours. Cette habitude explique en partie pourquoi nous accumulons plus de 50 millions de tonnes de déchets électroniques chaque année, et la situation ne fait qu'empirer.
Sur le plan énergétique, les centres de données sont en passe de devenir de grands émetteurs de carbone, les prévisions les situant à 3,2 % des émissions mondiales d'ici 2025. C'est une part importante si l'on considère que leur consommation d'énergie pourrait éclairer des pays entiers aujourd'hui, égalant ainsi l'empreinte carbone de l'industrie aérienne avant le début de la pandémie.
De plus, ces centres rejettent déjà 2 % des gaz à effet de serre du monde, et à mesure que nous construisons et utilisons davantage, ce chiffre ne fera qu'augmenter. Cela brosse un tableau sombre de l'impact des centres de données sur notre planète et met en évidence la nécessité d'apporter le type de changement qu'offre l'informatique distribuée.
L'informatique distribuée n'a peut-être pas l'éclat d'un lancement de smartphone, mais c'est le héros discret dont nous avons besoin, du moins en matière de technologie cloud. C'est comme un repas-partage : chacun apporte ce qu'il a, ce qui permet de réduire le gaspillage et de partager les ressources. Ces systèmes nous soulagent de la nécessité de posséder les technologies les plus récentes, au lieu d'optimiser ce que nous possédons déjà collectivement.
Cette approche a le potentiel de réduire le nombre d'appareils que nous utilisons ; elle ouvre également la voie à un avenir où l'ingéniosité logicielle prolongera la durée de vie de notre matériel. C'est une vision qui intègre le mantra « réduire et réutiliser », transformant notre écosystème technologique en une affaire plus durable.
L'informatique distribuée n'est pas qu'un concept technique; c'est le symbole d'un changement potentiel dans notre relation avec la technologie. Imaginez un monde dans lequel nos appareils vieillissent avec élégance, leur durée de vie prolongée grâce aux mises à jour logicielles et au partage d'égal à égal. C'est un futur où nous garderons nos appareils pour de bon, et non pour un an.
Chez Hive, nous pensons que le passage à des systèmes distribués est le catalyseur d'une approche informatique plus durable, réduisant ainsi la dépendance à l'égard des centres de données. Nous y croyons tellement que nous avons basé l'ensemble de notre modèle sur un cloud distribué appelé hiveNet.
Pourtant, l'adoption est lente, et c'est là que l'éducation et les politiques jouent un rôle crucial. Les gens doivent comprendre les avantages, et les incitations doivent être alignées pour soutenir la transition. Il s'agit de construire une infrastructure qui favorise le partage plutôt que la propriété, qui valorise les ressources, qu'elles soient technologiques et naturelles, en tant qu'actifs partagés plutôt que comme des biens jetables.
Les modèles distribués peuvent être plus de 70 % plus durable que le cloud centralisé, et ils constituent une puissante incitation à conserver la technologie que vous possédez déjà et à en faire bon usage.
Il est clair que nous avons besoin de bien plus que de simples bonnes intentions pour améliorer la culture de la mise à niveau. Nous avons besoin d'une industrie technologique qui accorde autant d'importance à la durabilité qu'à l'innovation. Les gadgets devraient être conçu pour durer, pour être réparable, et de renaître de leurs cendres. Il ne s'agit pas simplement d'un progrès ; c'est de l'évolution.
Cette révolution technologique durable nécessite des mesures audacieuses : des réglementations qui récompensent la longévité, des systèmes qui pénalisent le gaspillage, des technologies qui respectent notre droit à la réparation et des consommateurs qui votent avec leur portefeuille pour un avenir technologique plus écologique. Il s'agit de remettre en question le statu quo, en demandant un engagement en faveur d'une technologie qui nous sert sans coûter notre planète.
Alors que les publicités du Black Friday vont commencer à envahir vos fils d'actualité sur les réseaux sociaux, n'oublions pas les leçons cachées sous le gloss. Les efforts constants de l'industrie technologique en faveur de mises à niveau s'accompagnent de bagages que nous ne pouvons plus ignorer. Il est temps de revoir sérieusement nos habitudes, de reconnaître que la meilleure affirmation que nous puissions faire est d'exiger mieux, et pas seulement de nouvelles technologies, et de valoriser les technologies que nous détenons déjà entre nos mains.
Peu importe ce que disent les publicités, vous n'êtes pas obligé de consommer plus que nécessaire.
Nos progrès doivent être mesurés non seulement en fonction de la sophistication de nos appareils, mais également en fonction de la responsabilité que nous assumons en ce qui concerne notre empreinte technologique. C'est un voyage vers une destination où innovation et conscience vont de pair, façonnant un avenir aussi prometteur pour la planète que pour nos aspirations technologiques.
En ce Black Friday, fais ce que personne n'attend de toi.
J'adore les produits technologiques que vous possédez déjà.